Je m'appelle Louis Lopparelli. Depuis mes 13 ans, j'écris compulsivement des scénarios, je tourne des films artisanaux, rafistolés au gros scotch, au carton pâte et à la poussière de clair de lune.
Mon rêve est d'avoir mes propres petits studios, ma verrière de Montreuil, comme Méliès. Ce petit studio de mes rêves serait le terminus de toutes les brocantes où l’Antiquité se chine et où le Moyen-Âge se troque contre des rimes croisées. Avoir mon studio c’est m’offrir une cosmogonie d’occasion, devenir un démiurge miniature. Enfant, j’échafaudais des Azincourt de figurines, des Congrès de Vienne de marionnettes, des Pharsale de chevaux de bois ; plus vieux, j’ai retrouvé au théâtre cette légende des siècles miniature, mais n’y suis plus un despote tout-puissant, ne trouvant nulle borne à ses fantasmes et à sa cruauté, mais un maharaja fragile, dont le public peut faire vaciller l’empire d’un soupire, peut saper les citadelles d’un bâillement. Mais cette fébrilité est en tout point préférable à mon omnipotence juvénile, plus palpitante et surtout moins solitaire. Dans mes jeux, je piétinais dans le périmètre solipsiste de mes désirs, au théâtre et au cinéma, j’échoue à la rencontre de chaque nouveau comédien sur les rives d’un continent nouveau, auquel je ne connais et ne comprends rien, sur lequel je ne maîtriserai pas grand-chose, qui se réappropriera mes mots d’une façon si imprévue que je ne m’y reconnaîtrai plus moi-même, et c’est tant mieux ! C’est aussi ce destin du texte dont je raffole dans la dramaturgie, on écrit avec en tête des visages, des lieux, des obsessions parfois pénibles, mais devant la caméra, les visages qui viennent porter nos masques déjouent tous nos calculs, les voix qui scandent nos phrases révolutionnent leur sens, de nouveaux corps viennent hanter nos rêves, de nouvelles grimaces dérider nos cauchemars. C’est cette marée perpétuelle de nouveautés, d’imprévu, d’inattendu, que j’aime dans l’écriture cinématographique, par rapport à d'autres formes de récit où ce qu'on écrit n'est jamais mis à l'épreuve de la rencontre du corps et de la personnalité d'autrui. En écrivant un scénario, on engendre un rejeton qui ne nous ressemblera pas et on brode des personnages qu’on n’a pas encore rencontrés. On est un spectateur comme un autre, le texte qu’on a écrit nous est aussi opaque que les programmes qu’on leur distribue.
Pitch / L′Opéra de Quat′Sioux À la veille de la bataille de Little Bighorn, le 24 juin 1876, lors de la guerre des Blackhills opposant les Sioux et les Cheyennes à l’armée des États-Unis, des extraterrestres arrivent sur Terre et prennent contact avec Bison assis, le chef... 08/05/2025