Le salaud, le nigaud et le macchabé
Scénario de Samy Fontaine
01 – INT. SALON - JOUR
Deux hommes sont dans la pièce (Steve 40 ans et Bastien 25 ans). Steve est assis sur le canapé et fume une cigarette en tirant la tronche. Bastien est debout à sa droite l’air penaud et embarrassé. Il est grand et assez imposant.
BASTIEN (embarrassé)
Je m’excuse, je voulais pas (Steve le coupe)
STEVE (sec)
Tais-toi !
BASTIEN (embarrassé)
Tu ne me connais pas mais dans le fond (Steve le recoupe)
STEVE (sec)
Tais-toi !
Il tire sur sa clope et recrache la fumée
BASTIEN (agacé)
Hey j’essaye juste de m’excuser ok. (patiente) Bon faut trouver une solution à notre problème.
Steve tourne la tête vers lui, les yeux prêt à sortir de leurs orbites.
STEVE (énervé)
Notre problème ?
Il se lève d’un coup et fait face à Bastien.
STEVE (énervé)
Qui en est le responsable ?
Bastien est gêné et détourne le regard.
BASTIEN
Bah t’as rien fait pour m’en empêcher non plus.
Steve écarquille les yeux.
STEVE (énervé)
T’en empêcher… Comment j’aurais pu empêcher ça ! (écarte les bras vers le sol)
Au milieu de la pièce, le cadavre d’un homme (30 ans) est allongé face contre terre. Il est assez gros et est vêtu d’un marcel blanc, d’un short de sport et d’une paire de tongs. Du sang est présent sur l’arrière de son crâne renfoncé. Un pistolet est à côté, la crosse est ensanglantée.
BASTIEN
C’est vrai que même moi je m’y attendais pas… (en se grattant la tête)
Steve recrache sa fumée
STEVE
C’est une façon polie de dire « non prémédité » ?
BASTIEN
Je voulais pas le tuer ce mec !
Il tend les bras vers le cadavre.
BASTIEN
Mais quand il a dit se truc tantôt…
STEVE
Quoi ? Le truc sur sa meuf ?
BASTIEN
Heu oui…(agacé) Non, c’est pas ça meuf ! Et oui ce truc horrible qu’il a osé dire sur elle.
STEVE
Qu’elle suçait aussi bien qu’une (Bastien le coupe)
BASTIEN (énervé)
C’est bon le redis pas !
Steve est surpris de la réaction de Bastien et le regarde avec de grand yeux. Soudain, il fait la grimace avec un petit gémissement. La cigarette dans sa main vient de se consumer et lui bruler les doigts, il la lâche.
STEVE
Put… !
Steve ramasse la cigarette et la jette dans le cendrier à côté.
STEVE
Ce gus se tapait ta copine alors ?
BASTIEN
Elle ne sait pas que je le sais, mais… Oui…
STEVE (compatissant)
Ça fait mal hein ?
Bastien baisse la tête.
BASTIEN
Ouais…
STEVE
Tant mieux !
Surpris, Bastien relève la tête.
STEVE
T’es au courant depuis quand ?
BASTIEN
Ce matin.
STEVE
T’aurais pas pu venir le buter cette nuit ? Ça m’aurait arrangé.
BASTIEN
Mais je voulais pas le buter ! Je voulais juste voir à quoi il ressemblait.
Steve tend le bras vers l’arme.
STEVE
Te faire passer pour un mec qui veut lui acheter un flingue, super ton idée. (lève son pouce en l’air)
Il sort son paquet de clopes.
BASTIEN
Et t’es là pour quoi toi ?
Steve répond du tac au tac, la clope en bouche prêt à l’allumer.
STEVE
Lui acheter un flingue.
Il allume sa clope, retire son bras d’un coup sec et recrache la fumée.
STEVE (énervé)
Mais je pensais pas tomber sur un demeuré impulsif en plein conflit amoureux qui buterait le vendeur !
Il se tourne et regarde le corps.
STEVE
Merde !
BASTIEN
Au moins tu peux le prendre maintenant (pointe le flingue du doigt). Plus besoin de le payer.
Bastien tourne la tête vers Steve, ce dernier le fixe méchamment. Les deux se regardent un instant, silence total.
BASTIEN
C’est qu’il avait l’air de te plaire.
STEVE
Merde !
Il tire sur sa clope et recrache la fumée.
BASTIEN
On fait quoi alors ?
Steve fixe le corps.
STEVE
Faut se débarrasser du corps, c’est le plus sûr. (regarde Bastien) Pas de corps, pas de preuves. (regarde le corps) Enfin, moins de preuves…
BASTIEN
On fait comment ?
STEVE
J’ai un pote dans la mafia. Il pourra nous aider.
BASTIEN (étonné)
C’est vrai ?
Steve recrache la fumée.
STEVE (sarcastique)
Oh ouais. Il s’appelle Vito Corleone. Je l’ai aidé a immigrer de Sicile.
Steve tourne la tête vers Bastien et le fixe avec un visage inexpressif. Bastien est hébété.
BASTIEN
Tu te fout (Steve le coupe)
STEVE
Oui ! (détourne la tête)
Steve termine sa cigarette et l’écrase dans le cendrier. Il croise les bras et reste sans rien dire en fixant le corps, l’air de réfléchir. Bastien sort son gsm et pianote sur l’écran. Après de longues secondes, Steve le voit faire.
STEVE
T’as pas envie de réfléchir à un moyen de te débarrasser du corps ?
BASTIEN (pianote sur l’écran)
C’est ce que je fais. Je me renseigne sur google sur la meilleure méthode pour faire disparaitre un cadavre.
Steve pâlit et écarquille les yeux.
BASTIEN
L’acide ça fonctionne bien askip, (regarde Steve) tu crois qui en a ici ?
STEVE (énervé)
Demeuré !
Il essaye de saisir le gsm mais Bastien esquive.
STEVE (énervé)
C’est le meilleure moyen de se faire griller ! Putain qu’est-ce que t’es con !
BASTIEN
M’insulter ça ne fera pas avancer les choses.
STEVE (énervé)
Tais-toi abruti !
Les deux hommes regardent le corps. Steve se reprends.
STEVE
Bon fouille la piaule voir si t’en trouves pas.
BASTIEN
De quoi ?
STEVE
De l’acide. Au point où on en est…
02 – INT. CUISINE - JOUR
(Vue de l’intérieur) Les portes d’une armoire s’ouvrent, Bastien est accroupi et fouille dedans. Il se relève, Steve arrive dans la pièce au même moment.
BASTIEN
Il en a pas je crois.
STEVE
Ouais fallait pas rêver non plus.
BASTIEN
Je vais aller en acheter.
Il se dirige vers la porte d’entrée.
STEVE
Non abruti !
Il stoppe Bastien.
STEVE
Viens voir !
Il le traine par le bras jusqu’au salon.
03 – INT. SALON - JOUR
Steve traine Bastien jusqu’à la fenêtre.
STEVE
Regarde.
Il écarte le rideau. Dehors en face de la maison, on voit les voisins dans leur jardin prendre l’apéro avec une dizaine de personnes. Ils ont une vue parfaite sur l’entrée de la maison où sont Steve et Bastien.
STEVE
T’as envie que tout le voisinage sache qu’on était ici ?
BASTIEN
Ils étaient pas là quand je suis arrivé…
STEVE
Encore heureux ! Avec un peu de chance personne ne nous a vu entrer. Il faut juste que personne nous voit sortir.
Ils s’écartent de la fenêtre.
BASTIEN
On fait quoi alors ?
STEVE
On va trouver une autre solution pour se débarrasser de lui.
Il regarde le corps, puis la fenêtre puis Bastien.
STEVE
Non franchement, t’as bien choisi ton jour.
Il s’allume une clope.
BASTIEN
J’ai hésité à venir en plus…
Steve recrache la fumée vers le sol et relève la tête vers Bastien. Il le fixe avec un regard sérieux.
STEVE
Tu veux qu’on soit pote tous les deux ?
BASTIEN (nonchalant)
Pas vraiment…(se reprends) enfin, heu ouais. Ouais on peut être pote.
STEVE (énervé)
Alors me fait pas prendre mes désirs pour une réalité !
Steve tire sur sa clope et recrache la fumée au visage de Bastien. Il se dirige vers le corps (quitte le champ).
04 – INT. GARAGE - JOUR
Les deux hommes fouillent chacun de leur côté. Ils sont de dos et en se retournent pas pour se parler.
BASTIEN
Ça t’es déjà arrivé ?
STEVE
Quoi ? Buter un mec ?
BASTIEN
Non. Te faire tromper.
STEVE
Non, moi je vais aux putes.
Il va fouiller ailleurs. Bastien fait de même. Ils sont toujours de dos et ne se regardent pas pour se parler. Bastien trouve un paquet ouvert de colsons, il le met de côté et continue de fouiller.
BASTIEN
Moi c’était la première fois, j’aurais pas cru que ça faisait si mal. Au début Elise et moi..
Steve roule des yeux l’air de s’en foutre.
BASTIEN
C’était vraiment super, l’amour fou quoi.
Steve enfile discrètement des écouteurs et lance de la musique sur son gsm.
BASTIEN
Puis elle a commencé à être distante, j’ai commencé à avoir des soupçons et…
Steve continue de fouiller s’en écouter.
BASTIEN
Enfin bref. J’aurais jamais dû venir ici en sachant pour mes problèmes de colère.
Il s’arrête de fouiller.
BASTIEN
J’ai failli tuer un mec une fois. Comme aujourd’hui j’ai vu rouge et (Steve le coupe)
STEVE (s’exclame)
Oh ouais !
Il semble tenir quelque chose en main. Bastien se retourne, une scie manuelle atterrit à ses pieds. Steve se tourne vers lui, d’un coup il retire ses écouteurs qu’il avait oublié. Bastien ne l’a pas vu et ramasse la scie.
BASTIEN
Tu veux qu’on le découpe ?
STEVE (sarcastique)
Non j’avais besoin d’une scie pour faire des travaux chez moi !
Bastien est hébété.
STEVE
Evidemment que je veux qu’on le découpe ! Et c’est toi qui t’y colle !
Il se dirige dans un coin et fouille.
STEVE
J’ai trouvé ça aussi, ce sera parfait
Il sort une bâche en plastique et l’étend sur le sol au milieu du garage.
STEVE
Une fois que ce sera fait, on tapera les morceaux dans ces sacs.
Il montre un tas de sac étanches plus loin dans la pièce.
BASTIEN
Et après ?
STEVE
On attend la nuit que le quartier soit désert et on évacue le tout. T’es garé loin d’ici ?
BASTIEN
Heu bah non. J’ai pas le permis.
STEVE
Et va falloir le taper dans ma caisse, génial ! T’es vraiment inutile comme mec !
BASTIEN (vexé)
Dit pas ça !
STEVE
Inutile comme un foutu pansement sur une fracture ouverte !
Il avance vers la porte du couloir. Bastien le suit.
BASTIEN
T’es vexant comme mec…
Steve avance.
STEVE
Inutile comme un manteaux de fourrure dans un putain de désert !
Steve s’arrête prêt de la porte, Bastien s’arrête à côté.
BASTIEN
Tu sais dans le désert les nuits son glaciales.
Steve passe la porte et la referme au nez de Bastien. Bastien veut l’ouvrir mais Steve la réouvre brutalement. Bastien se la prends dans le nez.
STEVE
Inutile comme un canif dans une saloperie de fusillade !
Bastien se tient le nez et veut agripper la poignée. Steve lui referme la porte au nez. Bastien retire sa main de son nez.
BASTIEN (exaspéré)
Super… Un sale con qui parle avec des analogies. (ouvre la porte) J’ai horreur des sales cons qui parlent avec des analogies.
Il quitte la pièce.
05 – INT. COULOIR - JOUR
Bastien et Steve porte le cadavre le long du couloir. Bastien le tient par les épaules et est le plus proche du garage. Steve le tient par les jambes. La panse de l’homme ressort.
BASTIEN
La vache il est lourd !
STEVE
Il mangeait bien le cochon !
BASTIEN
A ton avis il pèse combien ?
Steve s’arrête et fixe Bastien.
STEVE
Qu’est-ce que je m’en fout de connaitre son poids ! Allez avances !
Ils avancent.
STEVE
Et fait gaffe au meuble.
Bastien heurte le meuble derrière lui et fait trembler le cadavre. Exaspéré, Steve lève les yeux au ciel. Ils avancent.
BASTIEN
Je vois vraiment pas ce qu’Elise lui trouvait…
06 – INT. GARAGE - JOUR
Steve et Bastien se relève, ils viennent de déposer le corps sur la bâche. Il est sur le dos.
STEVE
Déshabille le.
Il montre le corps.
STEVE
J’arrive.
Il se retourne et part.
BASTIEN
Tu vas où ?
Steve ne se retourne pas.
STEVE (sarcastique)
Te préparer un bon repas, je voudrais pas que tu manques de forces !
Il passe la porte du couloir. Bastien reste debout à regarder la porte. Il pose la main sur son ventre.
BASTIEN
C’est vrai que j’ai faim..
Il se met accroupi et commence à retirer le marcel de l’homme.
07 – INT. COULOIR - JOUR
Steve est prêt de la porte, son gsm en main. A l’écran, une page horoscope. Steve fixe l’écran se met à réciter ce qui est écrit avec un ton à la fois sarcastique mais mollasson, sans convictions.
STEVE
Scorpion, vous ferez une rencontre qui pourrait changer votre vie (ferme les yeux agacé et les réouvres) Vous devrez également faire face à des imprévus (sourit nerveusement) Gardez le moral et agissez avec bienveillance, cette journée vous sourira.
Il baisse le bras.
STEVE
Bordel pour une fois que cette connerie est vraie…
Il range son gsm avance dans le couloir.
08 – INT. SALON - JOUR
Steve est assis sur le canapé et fume une cigarette, l’air un peu perdu. Il la termine.
STEVE
Putain…
Il l’écrase dans le cendrier et le prends en main. Il se dirige avec vers le couloir. Il aperçoit le portefeuille de l’homme posé sur un meuble, il s’arrête. Il dépose le cendrier et va vers le portefeuille. De façon naturelle et sans gêne, il le fouille et en sort plusieurs billets qu’il range dans sa poche. Il reprend le cendrier et repart vers le couloir.
09 – INT. GARAGE - JOUR
Steve ouvre la porte et entre dans le garage, le cendrier en main.
STEVE
T’as fini ?
Bastien est prêt de la bâche, il se relève.
BASTIEN
Heu ouais, mais j’aurai préféré ne jamais avoir à faire ça…
STEVE
A qui la faute !
Steve va déposer le cendrier et son paquet de cigarettes à côté. son regard s’arrête quelque part. Dans un coin de la pièce, les vêtements de la victime sont correctement pliés et empilés avec les chaussures à côtés.
STEVE
Bordel tu m’expliques pourquoi t’as plié ses vêtements ?
BASTIEN
Bah tu mettais une plombe là-bas.
Il montre la porte du couloir.
BASTIEN
Je me suis occupé.
Exaspéré, Steve met son visage dans ses mains, l’air de se cacher le visage. Il bouillonne, on voit qu’il lutte pour suivre le conseil de son horoscope et ne pas s’emporter. Il les retire d’un coup ses et regarde Bastien en essayant de sourire.
STEVE (calme, se retient de ne pas exploser)
S’il te plait, fous-toi en caleçons et commence à découper l’autre guignol.
BASTIEN
C’est que je suis un peu pudique…
Steve le regarde avec des yeux comme des lances.
BASTIEN
Hormis Elise j’aime pas qu’on me voit en sous- (Steve le coupe).
STEVE (hurle)
Je m’en fout de ta Elise !
Bastien le prend mal.
STEVE (hurle)
Tu te fout en sous-vêt’ et tu me découpes ce foutu corps !
Les deux hommes se regardent dans le yeux quelques secondes.
BASTIEN
J’espère que tes cris n’ont pas alerté les voisins.
Steve baisse la tête.
STEVE
Merde !
Il regarde Bastien.
STEVE (calme)
S’il te plait, obéis.
Bastien tire un peu la tronche.
BASTIEN
Ok…
Bastien saisit la scie et se positionne à genoux prêt du corps.
Steve est debout à côté, il interpelle Bastien avant qu’il ne commence à scier.
STEVE
Tu demandais ce que ta meuf lui trouvait à ce type ?
Bastien tourne la tête vers Steve
BASTIEN
Heu ouais…
STEVE
J’ai la réponse.
Steve montre du doigt le sexe du corps.
BASTIEN (énervé)
Hey arrête, Elise est pas comme ça !
Steve avance vers le cendrier.
STEVE (mesquin)
Maintenant je te laisse bosser avec milles images en tête.
10 – INT. GARAGE - JOUR
Bastien est à genoux en caleçon, il scie. Il galère, son bras se bloquant à plusieurs reprises. Steve est accoudé là où est le cendrier, il en fume une et regarde Bastien.
STEVE (exaspéré)
Mais c’est pas vrai mon gars, t’as jamais utilisé une scie ?
Bastien galère.
STEVE (énervé)
Mais non abruti ! Arrête-toi merde !
Bastien s’arrête. Steve écrase sa cigarette et va jusqu’à la bâche. Il commence à se déshabiller.
STEVE (énervé)
Vraiment nul pour tout sauf pour buter des mecs par derrière hein !
BASTIEN (vexé)
Hey !
STEVE (énervé)
Allez vas-t-en je vais m’en occuper !
Bastien s’écarte de deux pas, Steve est en caleçon et se penche sur le corps.
BASTIEN
Je peux faire un truc pour t’aider ?
STEVE (énervé)
Dégage !
Bastien se dirige vers la porte.
STEVE
Et ne te rhabilles pas, tu seras peut-être utile après !
Bastien quitte la pièce. Steve prend la scie en main.
.STEVE (agacé, sarcastique et abattu)
Ca me rappel mon stage en boucherie. Et je l’ai détesté…
Il commence à scier le corps.
11 – INT. SALON - JOUR
Bastien est assis sur le canapé, il fixe l’arme au sol et l’endroit où était le corps. Une tâche de sang est présente. Son gsm sonne, il décroche.
BASTIEN
Allô.
Elise est à l’autre bout du fil.
ELISE (off)
Salut mon cœur, tu ne devais pas rester à la maison aujourd’hui ?
BASTIEN
Heu… (regarde autour de lui) Si.
ELISE (off)
Pourquoi tu n’y es pas alors ?
Bastien se relève, il est mal à l’aise.
BASTIEN
Heu oui. Désolé. Je suis tombé sur un ami en allant faire une course.
ELISE (off)
Faut pas espérer te voir avant longtemps donc !
BASTIEN
Heu… (regarde en direction de la fenêtre). Pas avant cette nuit…
Elise raccroche une fois sa phrase finie. Bastien semble abattu. Il se lève et se dirige vers la cuisine.
12 – INT. GARAGE - JOUR
Steve est dans la même position que tantôt. Il est couvert de sang et de sueur mais scie avec acharnement. On entend la porte s’ouvrir, se refermer et Bastien arriver puis s’arrêter (on ne le voit pas).
BASTIEN (hors champ)
Je regarde et je la ferme ok. Marre d’être tout seul.
Steve continue de découper le corps sans regarder Bastien.
STEVE
T’as déjà dit quatre mots de trop.
Il s’arrête et pose la scie.
STEVE
Il faudrait que tu mettes la main à la pat…(regarde Bastien et ne termine pas sa phrase)
Il reste la bouche grande ouverte. Bastien est debout devant lui et mange des spaghettis bolognaises dans un bol transparent sans montrer le moindre signe de dégoût. Il s’arrête de manger en voyant Steve le fixer, il a un spaghetti au coin de la bouche.
BASTIEN
Bah quoi ? (aspire le spaghetti)
STEVE (en faisant « non » de la tête)
Comment t’arrives à manger devant cette boucherie ?
Bastien continue de manger.
BASTIEN
Bah j’avais déjà faim tantôt et la vue du sang ne m’a jamais écœuré alors (hausse les épaules). Puis le bol était déjà tout fait dans le micro-onde.
Steve écoute Bastien en hochant la tête, il essaye de garder un visage impassible.
STEVE
C’est quoi des spaghettis bolognaises ?
Bastien continue de manger.
BASTIEN
Ouais.
STEVE
C’est bon ?
Bastien continue de manger.
BASTIEN
La sauce est pas mal, (aspire un spaghetti) mais ça manque de viande.
Steve se relève.
STEVE
Bah tiens !
Il dépose une main amputée dans le bol.
BASTIEN (agacé)
Tu déconnes ! Gaspilles pas la nourriture ! Y a des gens qui crèvent de faim dans le monde !
STEVE (sarcastique)
Ah ouais, qui ? Les p’tits africains ?
BASTIEN (sérieux)
Non, moi !
Il regarde son bol, l’air dégouté et déçu. Il va le poser dans un coin et reviens prêt de Steve qui est debout prêt de la bâche couverte de sang. Les deux hommes observent le corps, Steve transpire.
BASTIEN
Je pensais que ça irait plus vite, tu vas en avoir pour des heures.
Steve tourne lentement la tête vers Bastien, le visage prêt à exploser.
STEVE
Ta gueule s’il te plait.
BASTIEN
Ok désolé.
STEVE
Va te mettre dans un coin et ne m’emmerde pas.
Bastien obéit. Steve prends la scie et se penche sur le corps. Bastien vas se poser contre un mur et regarde Steve qui scie le corps, ce dernier est dos à lui. Bastien a l’air de s’ennuyer, il se met à essayer de se gratter le dos mais sans succès. Steve fait des mouvements de scie, transpirant toujours à grosses gouttes. Bastien essaye de se frotter le dos contre un coin de porte, sans succès.
BASTIEN
Tu veux bien me rendre un service ?
Steve lui répond du tac au tac en continuant de scier.
STEVE
Non.
BASTIEN
Allez, ça me gratte le dos et j’arrive pas à me gratter.
Steve continue de scier.
STEVE (sarcastique)
Quel drame ! Quand on se dit que la journée ne pourrait pas être pire !
Bastien regarde Steve l’air agacé. Il essaye de se regratter le dos avec les mains, toujours sans succès. Il réfléchit quelques secondes et tourne la tête à droite à gauche jusqu’à remarquer un manche de brosse cassé. Il le fixe un instant puis écarquille les yeux l’air d’avoir eu une idée de génie. Il se dirige vers le coin où il a trouvé les colsons et passe dans le dos de Steve. Steve continue de scier sans le regarder.
STEVE
Qu’est-ce que tu fous ? Reste tranquille.
Bastien repasse dans son dos, le sachet dans une main et une vieille loque dans l’autre. Il prend le manche de brosse ainsi que le bol de spaghettis. Il s’accroupi (vu de dos) et commence à bidouiller quelque chose. Steve dépose la scie, s’essuie le front et se relève.
STEVE (fatigué)
J’en peux plus, je fais une pause.
Il se retourne et se fige net, le visage marqué par l’incompréhension. Bastien lui fait face, il tient en main le manche de brosse avec la main fixé au bout grâce à des colsons. La main n’a plus de bolognaise dessus. Derrière Bastien, la loque est couverte de bolognaise. Tant la situation que le bricolage font pitiés à voir.
STEVE (les yeux écarquillés)
Mais putain qu’est-ce que tu fous ?
Il se lève.
BASTIEN
Bah un gratte dos.
Steve est encore plus déconcerté.
BASTIEN
Tu ne voulais pas m’aider à me gratter, alors j’ai improvisé (fait un grand sourire d’imbécile heureux).
STEVE (le dit comme une fatalité)
Mais. T’es complètement cinglé…
BASTIEN (fier)
Moi je dirais astucieux. Mon père m’a toujours dit que je n’avais aucun talent de bricoleur.
Il admire son invention morbide puis regarde Steve.
BASTIEN
Mais visiblement il se trompait (fait un grand sourire d’imbécile heureux).
La main levée à hauteur de sa tête et le doigt levé également, Steve veut parler mais se ravise. Il baisse le bras, va là où est le cendrier et sort une clope de son paquet.
STEVE
Un gratte-dos… (met la clope en bouche) Espèce de cinglé…
Il allume sa clope et tourne la tête vers Bastien. Ce dernier essaye de se gratter le dos avec son invention, le résultat ne semble pas à la hauteur de ses espérances.
BASTIEN (agacé)
Ah merde. Allez hein. Raaah.
Il arrête sa manœuvre et se tourne vers Steve.
BASTIEN
Ça ne marche pas. Les doigts sont tous mous, ça gratte mal. Je comprends pas, je pensais que c’était tout dur un cadavre.
Steve tire sur sa clope.
STEVE
Bravo Einstein (recrache la fumée), t’as cru que la rigidité cadavérique ça se pointait aussi vite que tes petits accès de colère ?
Hébété, Bastien le regarde. Steve tire sur sa clope, recrache la fumée et l’écrase.
STEVE
T’en as pour encore quelques heures avant que ce truc (pointe son doigt vers la main amputée) devienne rigide.
BASTIEN
Mais je pourrai jamais rester des heures avec le dos qui me gratte.
STEVE (désinvolte)
On a tous nos petits problèmes.
Il se dirige vers la bâche. Bastien regarde son invention, il a l’air déçu. Steve est à genoux prêt de la bâche et tourné vers Bastien.
STEVE
Maintenant lâche ton truc tout droit sorti du musée des horreurs et viens mettre les parties que j’ai déjà coupé dans un sac. Allez grouille-toi ! (se tourne vers le corps) Je commence à en avoir marre de la journée babysitting et boucherie.
Il saisit la scie. Bastien va chercher l’un des sac aperçu plus tôt pendant que Steve se remet à scier.
13 – INT. GARAGE - JOUR
Bastien termine de remplir le sac et le pose plus loin.
BASTIEN
Voilà c’est fait.
STEVE
Et ton gratte-dos tu comptes le reprendre chez toi ?
Bastien regarde son invention, l’air de l’avoir oublié. Il se dirige vers elle. Steve observe Bastien qui essaye de retirer la main du manche. Il se penche vers le cadavre avec la scie en main et scie (on ne voit pas ce qu’il scie). Bastien retire la main du manche et va la mettre dans le sac. Steve s’approche de lui avec les mains dans le dos, il s’arrête devant lui.
STEVE (aimable)
Au fait mec, désolé si j’ai été agressif avec toi toute la journée.
Bastien est surpris.
STEVE (aimable)
J’ai le nerfs un peu sensible aussi, enfin bref, désolé.
BASTIEN
Heu.. Bah c’est rien. Sans moi tu serais pas dans cette galère.
STEVE (aimable)
Oh t’en fais pas, comme je dis toujours, ça fera une histoire à raconter (sourit)
Il tape amicalement sur l’épaule de Bastien en laissant son autre main dans le dos.
STEVE (aimable)
Même si celle-là, je pense que c’est mieux de ne jamais l’évoquer.
BASTIEN (amical)
Ouais, tu m’étonnes (sourit)
STEVE (amical)
Et si t’as des problèmes avec ta copine je veux bien t’aider.
BASTIEN (surpris)
Ah ouais ? (amical) Franchement c’est cool, merci. T’es sympa en vrai.
STEVE (sourit)
Je crois que tu devrais lui faire un cadeau.
BASTIEN
Ah ouais ? Ok mais quoi ? J’ai toujours été nul pour offrir des cadeaux…
STEVE (amical)
J’ai le cadeau idéal si tu veux. Ça va d’office lui plaire à ta belle.
BASTIEN (ravi)
Sérieux ? C’est quoi ? (grand sourire)
STEVE
Ça !
Steve sort la main de son dos et la met juste devant les yeux de Bastien. Il tient le pénis du cadavre, ce dernier pendouille vers le bas. Bastien arrête de sourire et reste la bouche ouverte, l’air choqué.
STEVE (méchant)
Elle pourra s’en faire un joli collier !
Steve plaque le membre sur la poitrine de Bastien, ce dernier mes ses mains dessus par réflexe. Steve repart vers la bâche laissant Bastien avec la chose entre les mains. La rage contenue se lit sur le visage de ce dernier. Enervé, il balance le pénis dans le sac et se dirige vers la porte du couloir. Steve recommence à scier le corps.
STEVE
Tu vas où ?
Bastien continue d’avancer sans se retourner.
BASTIEN (sec)
Là où j’aurai envie de tuer personne !
STEVE (mesquin et insolent)
Attention, Monsieur a pris goût au meurtre. La prochaine fois il tuera le facteur car ce dernier a mal regardé son chien.
Bastien prends la porte et la claque violemment pour la fermer.
14 – INT. GARAGE - JOUR
Steve est à genoux devant la bâche, il scie et transpire beaucoup. Il dépose la scie. Il se frotte le front en regardant les restants du corps.
STEVE (soulagé)
Tu m’auras épuisé mon salaud. Heureusement que ta scie coupe bien.
On entend le bruit de la porte qui s’ouvre et Bastien qui entre.
STEVE
Ca y est, l’enfant a fini sa crise ?
Il lève la tête vers Bastien. Bastien s’arrête prêt de la bâche. Les phalanges de sa main droite sont en sang.
STEVE
Putain qu’est-ce que t’as foutu pour avoir la main ainsi ?
BASTIEN (sec)
C’est ta faute !
Steve se relève.
STEVE
Ma faute ?
Bastien pointe Steve du doigt.
BASTIEN (sec)
Oui ta faute ! Je t’ai dit que j’aimais pas qu’on parle mal de ma copine !
STEVE (agacé)
Non seulement tu me l’a dit mais tu me l’a montré aussi.
Il pointe le sac avec les morceaux dedans.
BASTIEN (agacé)
Et malgré tout tu continues ?
STEVE (énervé)
Quoi tu vas me buter aussi ? (Bastien reste silencieux) Oh non tu vas pas me buter, parce que sans moi tu serais encore le cul sur le canapé à te demander comment rattraper ton énorme connerie !
Bastien hésite puis prend la parole.
BASTIEN (énervé)
Ah ouais ? Bah maintenant que tu m’as montré comment faire, pourquoi je le ferais pas ?
Steve est surpris, limite mal à l’aise. Il réfléchit rapidement.
STEVE (sérieux)
Parce que t’es incapable de te démerder avec la scie.
Au tour de Bastien d’être surpris. Les deux hommes se fixent dans les yeux avec intensité, Steve ne parait toujours pas des plus à l’aise. Bastien reprend une expression faciale normale.
BASTIEN
Ouais c’est vrai t’as raison.
Steve est surpris de sa réponse.
BASTIEN
On remplit l’autre sac ? (silence de Steve) Et ne t’en fais pas, j’ai nettoyé le sang là où j’ai frappé.
Il montre son poing ensanglanté.
15 – INT. GARAGE – JOUR
Steve et Bastien déposent chacun un sac rempli à côté du premier. La main de Bastien ne saigne plus.
BASTIEN
Ca y est on en a fini ?
STEVE
Plus qu’à attendre la nuit maintenant.
BASTIEN
Ça va être long…
STEVE (mesquin)
Le temps parait toujours long quand on est avec toi.
Il se dirige vers ses vêtements.
BASTIEN
Ça t’en sais rien, c’est la première journée que tu passes avec moi.
Steve ramasse ses vêtements.
STEVE
Et j’espère que ce sera la dernière.
Il avance vers la porte du couloir avec ses vêtements dans les bras.
STEVE
Je vais prendre une douche. Tape la bâche dans un sac et referment les.
Il s’arrête prêt de la porte et se retourne.
STEVE
Et ne va pas refaire joujou avec d’autres morceaux de cadavre. Des trucs chelous j’en ai vu dans ma vie, mais une dinguerie comme t’as fait tantôt, là tu bas tous le records ! Mon glauquomètre a explosé sur place !
Steve prend la porte et laisse Bastien seul.
BASTIEN
Glauquomètre. Quand tu parles pas avec des analogies, t’inventes des mots. Super…
Il reste immobile deux secondes puis essaye de se gratter le dos, sans résultat encore. Il pousse un râlement et se dirige vers la bâche.
16 – INT. SALON - JOUR
Bastien est assis sur le canapé avec le dos en avant, il a remis ses vêtements. Il tient le pistolet en main, il le scrute l’air pensif. Steve arrive dans la pièce et le rejoint, il est également habillé.
STEVE (étonné)
Tu t’es rhabillé sans te laver ?
Bastien garde la même position et fixe l’arme.
BASTIEN
Ouais. J’étais pas aussi sale que toi.
STEVE
Mais merde, t’as poigné dans des morceaux de cadavre. Tu devrais te sentir aussi (Bastien fait une mine blasée sentant l’analogie arrivée) crasseux qu’un clodo qui s’est chié dedans.
BASTIEN (du tac au tac)
Dessus.
STEVE
Quoi ?
BASTIEN
On dit « se chier dessus » pas dedans.
STEVE
Abruti, les deux se disent.
Il s’en va.
BASTIEN
Mon expression me parait plus logique.
STEVE (hors champs)
C’est moi qui te chies dessus !
Bastien continue de fixer le pistolet. Steve revient et lui prend des mains.
BASTIEN
Hey !
STEVE
Hors de question que tu gardes ce truc en main. Tu l’avais pas depuis 30 secondes que tu butais déjà un mec.
BASTIEN (naturel et blasé)
Oh t’inquiètes j’ai même plus envie de te buter, c’était tantôt sous l’énervement.
Steve ne parait pas rassuré.
STEVE
M’ouais… En attendant je le garde (montre l’arme). Et faut nettoyer la tâche de sang au sol.
Il montre la tâche au sol.
BASTIEN (l’air ailleurs)
Ouais. Faudrait.
STEVE
Bah t’attends quoi ? J’ai déjà fait tout le travail, tu crois pas que je vais jouer les femmes de ménage aussi !
Un peu amorphe, Bastien fixe le sol.
BASTIEN
Désolé. Mais je pensais à Elise.
Steve roule des yeux l’air de s’en foutre.
BASTIEN
On s’est un peu prit la tête tantôt au téléphone et (Steve le coupe).
STEVE (stressé)
Attends ta meuf sait que t’es ici ?
Bastien continue de fixer le sol.
BASTIEN
Pourquoi je lui aurais dit ? Je suis pas con.
STEVE
Non seulement demeuré. Allez maintenant nettoie cette foutue tâche.
Steve part plus loin, Bastien se lève sans trop d’énergie. On sonne à la porte, les deux hommes se regardent paniqués. Steve se précipite vers le couloir.
STEVE (paniqué)
Putain c’est qui ?
Bastien regarde discrètement par la fenêtre puis se retourne vers Steve l’air totalement perdu.
STEVE (paniqué)
Merde, c’est qui ?
BASTIEN
Elise…
Steve écarquille les yeux et se liquéfie sur place. La voix d’Elise se fait entendre à travers la porte.
ELISE
C’est moi bébé, t’es là ?
Bastien tire la tronche.
BASTIEN (à lui-même)
Bébé…
STEVE
Hé, écartes-toi des fenêtres. Elle va finir par partir.
La voix d’Elise se fait entendre à nouveau.
ELISE
Bébé je vais ouvrir avec les clés que tu m’as donné
Steve et Bastien se fixent, les yeux prêt à sortir de leurs orbites.
ELISE (blagueuse)
Me descends pas avec l’un de tes calibres.
On entend le bruit des clés s’insérées dans la serrure.
STEVE (paniqué)
Planque-toi, restes pas là comme un con !
Steve se cache dans le couloir. Bastien est paniqué, il regarde à droite et à gauche sans bouger. La porte s’ouvre, il se tourne en direction de l’entrée et reste pétrifié. Elise entre dans la maison.
ELISE (blagueuse mais sexy)
Même si tu sais quel calibre me plait le plus chez toi.
Elle referme la porte et se tourne. Son visage passe de la joie à l’étonnement en voyant Bastien devant elle. Elise est petite de taille, assez grosse et pas très jolie. Elle est habillé sexy et porte des talons. Elle et Bastien se fixent quelques secondes l’air totalement perdu aussi bien l’un que l’autre.
ELISE
Bastien ? Qu’est-ce que tu fais ici ?
Il reste immobile avec la bouche ouverte.
BASTIEN
Heuuu…
17 – INT. COULOIR - JOUR
Steve est planqué contre le mur du couloir, à l’intersection de celui du salon. Il a le visage tendu.
STEVE (se marmonne à lui-même)
Dit pas une connerie, s’il te plait dit pas une connerie.
18 – INT. SALON - JOUR
Bastien sort de son beug de langage.
BASTIEN (naturel)
Bah je t’ai dit que je voyais un ami non ? On est chez lui.
Elise reste immobile sans rien dire, à son tour de beuguer.
19 – INT. COULOIR - JOUR
Steve plaque sa main sur son visage tout en tirant la tronche.
20 – INT. SALON - JOUR
Elise sort de son beug.
ELISE
Tu te fout de moi Bastien ?
BASTIEN
Heu… Et toi qu’est-ce que tu fout ici ?
Elise s’apprête à parler mais s’arrête en voyant la tâche de sang au sol. Elle regarde Bastien l’air horrifiée.
ELISE
Bastien, qu’est-ce qu’il s’est passé ici ? Où est Thibault ?
BASTIEN
Ah c’est ça son nom alors.
Elise perd patience.
ELISE
Bastien réponds-moi ! Où se trouve Thibault ? (paniquée) Et c’est quoi ce sang au sol ?
BASTIEN
Heu.. C’est rien. Je suis juste chez un ami. Chez mon ami Thibault.
Elle fixe Bastien avec de grand yeux horrifiés.
ELISE
Je m’en vais ! Et j’appelle la police !
Elle se tourne vers la porte.
STEVE (hors champ)
Oh ça non !
Elise et Bastien se retournent vers Steve. Il est debout devant eux et braque Elise avec le pistolet.
BASTIEN (à Steve / paniqué)
Tu fais quoi ?
STEVE (à Bastien)
Je nous évite plus de problèmes.
ELISE (à Bastien)
Bastien, c’est qui lui ?
BASTIEN (à Elise)
Heu, un autre ami.
STEVE (à Bastien)
Dans tes rêves qu’on est ami. On est aussi pote qu’Israël et Palestine.
Bastien tire la tronche à cause de l’analogie de Steve.
BASTIEN (à Elise)
Bah lui c’est un mec que j’ai rencontré ici.
Il tourne la tête vers Steve.
BASTIEN (à Steve)
Au fait, tu t’appels comment ?
STEVE (à Bastien / énervé)
Mais t’es sérieux avec ta question à la con ? Ton sens des priorités est aussi flingué que ton cerveau ! Maintenant grouilles-toi de bâillonner cette pétasse !
ELISE (à Steve / vexée)
Je t’emmerde !
BASTIEN (à Steve / vexé)
Ouais, lui parle pas comme ça !
Le visage de Steve devient rouge. Son bras tenant l’arme tremble, il perd patience.
STEVE (énervé)
Mais y en a pas un pour rattraper l’autre ! (à Bastien) Maintenant tu fais ce que je te dis où je te butes aussi !
Il fixe Bastien avec un regard tout droit sorti des enfers. Ce dernier se résout et baisse la tête quelques secondes, il expire fortement. Il relève la tête vers Elise.
BASTIEN (à Elise / gentiment)
Désolé mon cœur, mais je pense que c’est mieux de faire ainsi.
Il s’avance vers elle.
BASTIEN (à Elise / gentiment)
Ne t’inquiète pas, ça va bien se passer.
Terrifiée, Elise recule.
ELISE (terrifiée)
Me touche pas !
Steve avance dans la pièce et se repositionne face à Elise, il la braque toujours.
STEVE (à Elise / énervé)
Fais pas chier ou tu vas finir avec l’autre dans le sac !
ELISE (à Bastien / terrifiée)
Quoi ? Quel sac ? C’est quoi cette histoire Bastien ?
BASTIEN (à Elise / rassurant)
C’est rien, il dit ça pour blaguer.
Il s’avance vers elle.
ELISE (à Bastien / terrifiée)
N’approche pas !
Elise recule mais son pieds se tort à cause des talons. Elle part en arrière, se heurte la tête contre un meuble et finit au sol, morte. Bastien reste estomaqué devant la scène. Steve baisse son bras.
STEVE (surpris)
Bah putain…
Bastien s’approche du corps de sa copine l’air complètement perdu sans comprendre ce qu’il vient de se passer.
BASTIEN (déconcerté)
Elise ?
Il s’agenouille prêt d’elle et secoue délicatement son corps.
BASTIEN (effondré)
Elise ? Elise ? S’il te plait Elise réveille-toi…
Bastien éclate en sanglot, la tête posée sur le corps de sa copine. Steve s’arrête prêt de lui.
STEVE
C’est bon tu vas pas pleurer pour une gonzesse. Elle n’avait qu’à savoir marcher avec des talons.
Bastien relève un peu la tête, la colère se lit sur son visage.
STEVE
Dire que ce flingue n’est même pas chargé.
Il pouffe ironiquement, laisse tomber l’arme au sol et se dirige vers le canapé. Bastien reste prêt du corps d’Elise, le visage plein de haine. Steve s’assieds sur le canapé.
STEVE
Ca fait chier va falloir refaire le même cirque. Mais c’est toi qui t’y colle (tourne la tête vers Bastien), c’est ta meuf ta galère ! (regarde devant lui) Franchement, je vois pas ce que tu lui trouvais à la petite grosse de service. Enfin pas grave, maintenant tu vas pouvoir trouver bien mieux.
Il tourne la tête vers Bastien en souriant. Son sourire s’efface très vite laissant place à l’inquiétude. Son visage pâlit. Bastien s’avance vers lui avec les poings fermés, le regard prêt à tuer quelqu’un. Steve se lève et recule un peu, il met ses mains devant lui en signe de défense. La peur se lit sur son visage.
STEVE (effrayé)
Et attends tu fais quoi ? On est ami non ?
21 – INT. SALON - JOUR
Bastien est debout dans la pièce, les poings en sang. Le corps de Steve est allongé au sol devant lui. Ce dernier a le visage en sang, il ne bouge plus d’un millimètre. Bastien reste immobile, l’air vide. Il va rejoindre le corps d’Elise et s’agenouille devant.
BASTIEN (le regard triste)
Pardon mon cœur…
Il embrasse délicatement le front d’Elise, se pose contre le meuble et prend le pistolet. Le regard vide, il braque l’arme sur sa tempe et presse la détente. Un clique se fait entendre mais sans détonation, bah oui l’arme n’est pas chargée. Il souffle d’agacement et balance l’arme plus loin. Il reste quelques secondes inerte puis essaye de se gratter le dos, sans succès encore. Il souffle une seconde fois en tirant la tronche.
BASTIEN
Fais chier.
FIN